L’EFFACEMENT

L'effacement des traces de la civilisation d'un peuple dont on convoite le territoire porte un nom qui s'est transmis dans l'histoire : damnatio post mortem. Elle remonte aux anciens pharaons qui la pratiquaient au détriment de leurs prédécesseurs. Avec l'extension des États de continent en continent, cette pratique est devenue universelle. Elle s'inscrit dans la technique des "catastrophes graduées" inventée il y a plus de 6 000 ans à Sumer comme étape obligée de l'entreprise génocidaire, comme je l'ai montré dans mon livre APRÈS LE DÉLUGE, publié par ABC'éditions en 2018. L'éclairage transhistorique que j'y propose permet de voir comment les destructions commises aujourd'hui par Israël font partie d'une histoire à visée apocalyptique.

https://abceditions.org/

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=7331086583601647&id=100001011341410

L’EFFACEMENT 2

   Dans une première version de mon post sur L'EFFACEMENT d'il y a quelques jours il y avait un passage sur les Aztèques, auxquels j'imputais le recours à la technique égyptienne de la damnatio post mortem. J'ai supprimé ensuite ce passage en me souvenant  que les Aztèques avaient eu le plus grand souci de préserver la culture des Toltèques, qu'ils admiraient et convoitaient non moins que leur territoire. En revanche, ils s'étaient appliqués à effacer toute trace de leur passé pour récrire l'histoire du Mexique d'une manière qui inscrivait leur propre règne dans un plus long temps astral. Pour ce faire, ils avaient dû avoir recours à des astronomes toltèques sans la science desquels ils n'auraient pu mener leur projet à bien. Ce qui amène à se demander d'où vient la rage de détruire toute trace de la culture des peuples dont on envahit le territoire.
Sans doute de ce que la culture des envahisseur lui est inférieure. Ils ne détruisent pas tout, ils effacent tout, y compris ce dont ils s'approprient, qu'ils font leur.
Mais la rage destructrice pourrait venir surtout de ce que l'envahisseur inculte doit, de surcroît, à d'autres sa puissance militaire. C'était le cas hier des talibans, c'est le cas aujourd'hui d'Israël. À l'inculture des millionnaires sionistes spéculant sur le martyre juif, volant le nom d'Israél et se réclamant d'un héritage hébreux qui les récuse, s'ajoute le fait que leurs armes leur sont fournies par les Européens et les Américains, pour le compte de qui ils installent une tête de pont offensive au Proche-Orient.
Au point qu'on peut se demander s'ils ne commettent pas ces atrocités avec leur permission, pour leur permettre, en faisant mine de les réprimander comme ils commencent timidement à le faire, de compenser aux yeux du monde la honte publique de les armer par une grimace de bonne figure.

En attendant, persistance du veto américain à la demande à l'ONU d'un cessez-le-feu, en forme de main levée symbolique.

UKRAINE / PALESTINE

Parallélisme croisé

     La symétrie vertueuse qui voudrait qu'on soit pour l'Ukraine comme on est pour la Palestine a la non pertinence de ce qui confond un humanitaire à géométrie variable avec la stratégie. 
Mettre l'humain au premier plan dans une guerre est moralement louable, mais c'est une erreur, car par définition, quels que soient les garde-fous qu'on veuille y mettre, la guerre, qui n'a pas seulement pour objectif de détruire les capacités militaires et économiques de l'ennemi mais de tuer le plus grand nombre de gens possible, n'en a que faire. Toute l'histoire, la nôtre en premier, le prouve.
De ce point de vue sans naïveté, l'offensive russe en Ukraine est cohérente avec son but stratégique, qui est d'empêcher l'extension d'une présence offensive de l'Otan à ses frontières.
De la même façon, avec des massacres plus considérables en plus, ces massacres, précisément, perpétrés par Israël, sont cohérents avec son objectif stratégique qui est de vider des Palestiniens l'empire "juif" qu'il vise, en vue d'offensives préventives ultérieures prévisibles.
La symétrie stratégiquement corrigée entre être contre Israël et pour la Russie est que dans les deux cas l'ennemi est le même : ce sont les États-Unis.
On peut être contre l'État contestable d'Israël sans être l'ennemi du peuple juif. Comme on peut être contre le dictateur Poutine sans méconnaître la pertinence de sa stratégie.
Quand on est contre la guerre, et qu'on n'a pas en soi la puissance divine, les bons sentiments ne servent à rien. Il faut fonder son opposition sur un principe. Ce principe est qu'aucune guerre ne peut être juste, parce que tuer n'est pas un droit. Il n'y a pas de droit de tuer. C'est métaphysiquement impossible.
À défaut de pouvoir mobiliser les institutions adéquates, et pénaliser préventivement le crime au nom du droit, lorsqu'on se trouve confronté à une guerre qui se rapproche de vous chaque jour, pour autant qu'on n'en est pas menacé à chaque heure dans sa chair, si on veut la comprendre, on a intérêt à essayer de la remonter à sa cause première.

À l'échelle de l'histoire, dans la double guerre qui se déroule aujourd'hui, les agresseurs ne sont ni les Palestiniens ni les Russes. Les Palestiniens n'ont pas envahi Israël et les Russes n'ont pas envahi les États Unis. Dans les deux cas, les agresseurs, par États de complaisance interposés, sont les États-Unis génocidaires d'Amérique, qui ne sont au départ qu'une extension de l'Europe esclavagiste, dont le projet de conquête de la terre toute entière rencontre sous nos yeux dans l'aire méditerranéenne, militairement, pour la première fois, sa limite.
Cette coûteuse rencontre est clairement perçue, d'un point de vue extra-euroaméricain, pour ce qu'elle est dans sa dimension stratégique, avec ses deux fronts dissymétriques, le premier, russe, antiaméricain, astucieusement ou spécieusement, comme on voudra, défensif, en Ukraine, le second, américain, lui répondant sous couvert israélien, ponctuellement revanchard et outrageusement offensif à Gaza après l'avoir été hypocritement pendant 75 ans dans toute la Palestine.
De ce qui se joue entre ces deux fronts, une nouvelle avancée des États-Unis, un arrêt ou un recul, la prudence observée par des États voisins et d'autres plus lointains, suspendue à l'entrée en scène de l'objectif final étasunien qui est la Chine, montre bien que la partie enclenchée le 24 février 2022 par la Russie en franchissant le Rubicon en Ukraine n'en est qu'à son début.

LE VIOL CŒUR POURRI DE LA GUERRE 2

GD & GI


L'entre-deux

Ne parler de GD (Gérard Depardieu) que pour le mettre en parallèle avec GI (Gaza-Israël)

LE CORYPHÉE :

Dans le mouvement de la déconstruction de la figure du monstre sacré aux mains baladeuses, aux propos graveleux, aux amitiés tyranniques, champion de France de la gaudriole et maître en évasion fiscale,

Innocenté, avant tout procès, par le président de la République ; sanctifié, adoubé au nom de l'art,

Déclaré monument national,

Ne pas oublier la permission accordée, l'encouragement ministériel à renforcer chez les policiers la pratique de mettre la main à la culotte des jeunes filles qu'ils kidnappent dans les manifs au nom de l'ordre pour les séquestrer et les terroriser dans les commissariats où ils ne se gênent pas pour leur jeter à la face, en écho au "Soyez sages !" de Macron lancé au peuple français tout entier : "Ton vagin est sale."

Côté enfants, qui nous ramènera à Israël et à Gasa, rappeler la puanteur vichyssoise qui nous revient de cette image d'écoliers agenouillés, les mains sur la tête, sous la garde de la milice française, à comparer, cette image, avec celle qu'on ne verra jamais des enfants morts, broyés, défigurés, ensevelis à Gaza sous les décombres des bâtiments pulvérisés par les bombardements israëliens

Remplacée par l'image de la présence, à Gaza, de 4 185 militaires français, jeunes pour la plupart, envoyés, non pour protéger la population, mais pour la tuer, et s'y faire tuer, aux côtés et en renfort des nazis Israëliens

Au nom de ce qu'on pourrait appeler un "fanatisme régulier", national, glacé, déni de notre histoire, affliction de nos foyers, casques bleu-blanc-rouge non de la paix mais de la guerre la plus ignoble, la guerre génocidaire.

Honte aux casques tricolores ! Honte à ceux qui les ont envoyés
!

https://m.youtube.com/shorts/pXYsRoKPff4?si=-QPbwib_HDO0oPpE&fbclid=IwAR1aDVtBgAqKC_jDoEnVEHSKJtIdBWDldolTYeZJwFG1tYGpjW5ZrcAf3Gk
Touche pas ma culotte
Touche pas mes gosses

JUIF POUR LA PAIX

L’HISTOIRE
DE LA BASE AU SOMMET

Hommes d’autant plus impuissants que plus nombreux. Et réciproquement: d’autant plus nombreux qu’impuissants. Pullulants. Polluants. Parquables. Éliminables massivement. Pour les deux mille ans à venir.
Ce sera d’une tristesse sans nom.
Seul un cataclysme pourra y mettre fin. Et ce sera encore pire…

L’imaginer n’est pas moins instructif que lire l’histoire ancienne. Cela peut aider à traverser le présent sans avoir à s’enfermer dans un souterrain, tant que les SS ne sont pas à tous les coins de rue et que l’air est encore respirable.

Le pire est à venir. J’ai cessé de le répéter. On le voit clairement. Ça augmente de façon exponentielle depuis cinq ans.

On dirait un plan qui serait entré en action.
Le complotisme a bon dos. Le scénario est imaginable. La théorie des catastrophes graduées existe depuis 5 000 ans. Les dirigeants le connaissent parfaitement.

Tout s’est déjà passé, si on sait lire l’histoire depuis le sommet, et pas seulement depuis les masses impuissantes et volontairement ignorantes, vouées à de périodiques aněantissements.

Contrairement à ce que disait Marx, les répétitions sont de moins en moins grotesques et de plus en plus macabres, en plus grand.

Et contrairement à ce que disait Tolstoï, oui, ce sont bien les masses qui font l’histoire (et pas les pseudo grands hommes). Mais à leur détriment.

Aujourd’hui chaque jour est le dernier printemps. Le dernier effacement.

Retour de l’horreur immémoriale. Avec les moyens de l’atome.

On n’y échappera pas. Vu d’en haut, c’est trop tentant.

Depuis Gaza on sait que non seulement c’est possible, mais que c’est en chemin.

On le savait depuis les Assyriens et les Hittites il y a 3 000 ans. Aujourd’hui on le sait depuis Israël.
Le plus grand criminel du XXIème siècle.
Et s’en vantant.

Le massacre des populations sans armes a toujours été la cerise sur le gâteau des États conquérants.
Une fois l’avantage militaire acquis, villes livrées à la soldatesque.
Saoulerie, viols et butin.
Il y avait souvent plus de morts dans ces massacres que dans les affrontements.

On verra bien.

POUR MÉMOIRE

(et pour votre instruction, amis facebookiens, et que vous ne puissiez pas prétendre que vous n’étiez pas au courant. Mais je comprendrais que ces livres vous fassent peur. Rien de plus facile que de rejoindre la masse de ceux qui exerçent un black out sur mon travail depuis quarante ans)

Jean Monod, Du pillage au don, Critique de l’idée de civilisation. Avec Diane Baratier, L’harmattan, 2014.
Jean Monod, Après le Déluge, antiquité de la théorie des catastrophes graduées, ABC’éditions , 2017.
Jean Monod, Ouranos, les trois fonctions de la religion dans l’État, ABC’éditions, 2018.
Jean Monod, Eyquem, Les gilets jaunes et la révolution, chronique d’un anachronisme, Aiou, 2022.
Et l’essentiel :
Jean Monod, Trois chapitres sur le totémisme et le non droit de tuer, Aiou, 2022

… En attendant L’EMBRASEMENT, pages bientôt accessibles sur internet 

***

JUIF POUR LA PAIX

EN DEMANDE D’HOSPITALITÉ
AU PEUPLE PALESTINIEN

DEMANDE PARDON POUR LES CRIMES COMMIS PAR LE HAMAS

ET AUX PEUPLES DES ÉTATS FOURNISSEURS D’ARMES

DE FAIRE PRESSION
POUR METTRE HORS D’ÉTAT DE NUIRE
L’ÉTAT FASCISTE ISRAÉLIEN

#Palestine #Gaza #Israël JMÉditeur

PALESTINE : LE PIÈGE DE L’ÉTAT

Qu’un peuple aie besoin de reconnaissance, cela semble aller de soi. 

Ce qui ne va pas de soi, c’est que cette reconnaissance doivent passer par un État. 

Ce qui va encore moins de soi est la justification religieuse de cette obligation qui serait au-dessus du droit des peuples à se gouverner eux-mêmes. 

Les justifications religieuses sur lesquelles les États prétendent établir la légitimité de leur domination sont trompeuses. Leur sacralité n’a pas besoin de Dieu : la sacralité de l’État, aussi laïc qu’il se rêve, a sa source en lui-même. Mais il peut être utile d’appeler cette source Dieu. C’est ajouter à la terre et aux hommes sur lesquels il règne le ciel, c’est-à-dire l’absolu. 

La religion de l’État formatrice de droit est un modèle qui remonte à l’Antiquité. Un rapport privilégié à Dieu, qui sera bientôt revendiqué comme « le seul vrai Dieu », « le Dieu Unique », justifie la conquête des territoires détenus par d’autres États, sous l’obédience d’autres dieux, comme mission purificatrice. Ses succès sacralisent le droit du plus fort sur une aire qui n’a pour limite qu’une opposition de force égale. 

C’est ainsi que se sont fondés et étendus par la compétition tous les États de l’Antiquité : Sumer, l’Assyrie, l’Égypte, la Grèce, Rome. Tous avaient justification divine et vocation universelle dans la mesure de leur connaissance du monde et de leurs possibilités.

Au début, les États conquérants absorbaient les dieux etrangers. À la longue cependant, une des figures récurrente de la compétition que les États antagonistes se renvoient les uns aux autres est l’opposition du Bien et du Mal – la lutte du Bien contre le Mal, de la Civilisation contre la Barbarie (tournée vers la victoire finale inéluctable du Bien sur le Mal, l’unité assurée, la totalité gagnée, l’éradication du Mal et de la Barbarie). Elle a été schématisée en Perse entre le XVIème et le VIème siècle avant JC sous la forme de l’opposition dualiste entre Mazda et Ariman, le Dieu de la Lumière luttant contre le Dieu des Ténèbres, matrice de l’eschatologie développée ultérieurement dans l’Apocalypse chrétienne . 

Pour justifier ses conquêtes, L’État d’Israël brandit une justification qui détourne la critique qu’on pourrait lui faire de mêler la religion et la politique : la shoa. La shoa n’est pas une religion, c’est un martyre – historique – incontestable. C’est ce martyre historique qui sert à l’État d’Israël de justification « supérieure » de son entreprise de conquête, non la religion.

Le fait est que sa religion n’ordonne pas au peuple juif de conquérir, ni de revendiquer quelque terre que ce soit. Mise à part l’exception de Josué et sa coûteuse dérive, elle ne lui ordonne pas non plus de coloniser et de semer la violence en répandant la terreur. Elle ne lui ordonne même pas de fonder un État. Bien au contraire, elle lui interdit le retour à Jérusalem en raison de sa persistance dans la désobéissance à la loi divine. En bon croyant, ce peuple devra accepter sa condition de banni et attendre de la clémence de Dieu ou de son propre amendement son pardon, sinon sa récompense. Il y a cette profondeur de conscience sans arrogance dans l’esprit juif traditionnel. 

Ce qui est passé sous silence – ce qui est passé, même, à la trappe de la conscience – dans l’invocation par l’Etat d’Israël du martyre de la génération précédente – comme si ce martyre lui « donnait droit » à un État, lui ouvrait un crédit en somme, comme si l’histoire, l’humanité, le monde, Dieu même ! avaient une dette envers lui, et l’Etat juif s’était édifié, plus spéculativement que religieusement, grâce à ses « intérêt » sur cette dette – c’est que jamais nulle part un peuple ne s’est doté volontairement d’un État. Toujours et partout les États se sont constitués en s’imposant par la violence à des peuples qu’ils soumettaient en les exterminant la plupart du temps presque totalement.  

L’État d’Israël ne fait pas exception à cette loi. Il n’en est que sa démonstration la plus récente. Avec Israël on assiste en direct au processus originel de la création d’un État. Depuis 5500 ans, le processus a toujours été le même. Partout il a d’abord pris la forme d’une conquête en terre étrangère, et dans cette conquête il n’y a jamais eu de limite à la violence. Son paroxysme lui est inhérente. Il justifie la haine et l’alimente. Disons plus : il la purge. Il est au-dessus d’elle. Les exterminations ont toujours et partout été effroyables et continuelles. Elles sont amplement documentées et le plus souvent glorifiées par ceux qui les documentent. Rares sont les peuples auxquels les États ont laissé le choix entre la soumission ou la quasi extermination. – Pas le génocide, qui en est la diabolisation. Trompeuse, et à délester de son fantasme. On ne peut pas anéantir un peuple totalement. On ne peut détruire que ceux qu’on a sous la main. Même l’intention eliminatrce est insuffisante à faire du génocide un concept. La quasi extermination est la condition de la soumission de ceux qui restent. 

Cette soumission est nécessaire, car elle fournit la base indéfiniment renouvelable de la puissance.

Passée la conquête, la partie restante, épargnée, des peuples massacrés, qui vient grossir les rangs de la nation guerrière victorieuse gagne certains avantages. L’avantage de survivre, en premier lieu. En tant qu’individus. La terre ne leur appartient plus, leurs liens traditionnels sont rompus, ils sont condamnés au travail, esclaves le plus souvent, mais le temps passant ils peuvent accéder à la « citoyenneté », à la démocratie même ! un semblant d’aisance leur est concédé, une assistance, une protection, du pain, des jeux… Les descendants de ces rescapés succombent surtout sous le poids de servitudes, dans une économie qu’ils ne maîtrisent pas, une insécurité qu’ils ne mesurent pas, un oubli de ce qu’ils ont été, une ignorance de ce qu’ils sont devenus réellement, confondante, une politique sur laquelle ils n’ont aucun influence et un ordre du monde sur lequel leurs manifestations de masse n’ont aucun effet.

Contrairement à une idée, construite sur un sophisme, qui nous vient du « siècle des Lumières », un peuple libre ne devient jamais un peuple étatisé volontairement. Il ne peut passer de sa condition de peuple libre, maître de lui-même, avec son autonomie, sa diversité, ses alliances et toutes les ressources de son cœur et de son intelligence, à la condition de peuple doté d’un État qu’en renonçant à lui même. Il faut pour cela qu’il lui ait été fait violence.

Le mot peuple est source de bien de confusions. Sous son aspect d’unité fictive, hautement manipulable, il recouvre deux entités distinctes et même opposées : les gouvernants et les gouvernés. C’est cette opposition que les États ont généré dans la société humaine, habitée depuis des millénaires par la reconnaissance d’un écart plus fondamental, entre elles- mêmes, dans leurs différences tribales, et la puissance qui avait créé toutes les créatures et l’univers. Quitte, pour les États une fois bien implantés, à passer periodiquement, et de l’Antiquité aux temps modernes, de royautés durables en républiques éphémères, c’est-à-dire d’une légitimation « par Dieu » à une légitimation « par le peuple »…

En se constituant en État au nom du martyre du peuple juif, les oligarques de la diaspora ont bafoué la loi de ce peuple, autant qu’ils ont piétiné le droit des gens auxquels ils ne se sont pas souciés de demander humblement, pacifiquement, pieusement, l’hospitalité, uniquement préoccupés qu’ils étaient d’installer chez eux leur machine de guerre.

Contre la violence dévastatrice de cette machine de guerre, les Palestiniens n’ont à espérer le secours d’aucun État. La compassion  l’indignation, la solidarité, la révolte, viennent d’en bas. Il reste aujourd’hui à ceux d’en bas, plus nombreux que jamais, à faire la preuve qu’ils sont autre chose qu’une masse impuissante. Les États quant à eux se tiennent les coudes : les Palestiniens sont un mauvais exemple. Il ne convient pas qu’un peuple puisse encore se concevoir – et fasse la preuve – qu’il peut exister sans État. 

« Nous ne voulons pas finir comme les Indiens », a dit Yasser Arafat dans les années 70. Depuis, le territoire des Palestiniens n’a cessé de se rétrécir. 

Comme celui des Indiens, le sort des Palestiniens a pour horizon l’effacement. Avec, leurre cynique dans la négociation toujours remise où, tant qu’il restera un bout de territoire à défendre, il pourra leur être demandé de fournir la preuve qu’ils ont la capacité de former un État – un État qui les légitimerait aux yeux des autres États, à la fois poseurs des règles et maîtres du jeu, parce qu’il les contrôlerait selon les modalités où tous les États s’entendent à régner au détriment des peuples.

À moins que, ne pouvant obtenir le retrait des territoires occupés par les Israéliens, les États associés n’envisagent d’octroyer aux Palestiniens, décoration posthume, la dignité symbolique d’État le jour où ils ne posséderont plus rien.

J. M.

(Version mise à jour du texte paru le 27 juillet 2014 sous le titre ISRAËL, L’ÉTAT ET LE PEUPLE sur Facebook.)

Rappel de mes livres publiés (et ignorés…) sur la structure conflictuelle de l’Etat, sa religiosité fondamentale et son fonctionnement par catastrophes graduées :

DU PILLAGE AU DON, Critique de l’idée de civilisation, avec Diane Baratier, L’harmattan, 2014.

OURANOS, Les trois fonctions de la religion dans ans l’État, ABC’éditions, 2015.

APRÈS LE DÉLUGE, Le mythe de la catastrophe salvatrice, ABC’éditions, 2018.

#Palestine #Gaza #Israël #genocide #abc’éditons #États #sionisme

Penser sous les bombes

Nous sommes nombreux à le penser. Osons le dire. N'ayons pas peur d'affirmer notre solidarité avec le peuple palestinien.

N'ayons pas peur de demander l'arrêt d'une guerre de vengeance génocidaire et la restitution des otages et des prisonniers.

N'ayons pas peur de condamner les bombardements massifs par l'armée israélienne et de demander des secours et des dédommagements pour les destructions infligées.

N'ayons pas peur de condamner le gouvernement israélien et son complice le Hamas pour empêcher l'émergence d'une légitimité palestinenne.

N'ayons pas peur de nous prononcer en faveur de la reconnaissance du droit des Palestiniens, avec ou sans État, à bénéficier des protections que s'accordent entre eux les États constitués.

N'ayons pas peur de condamner la colonisation israélienne et de demander son arrêt et la restitution des territoires occupés.

Et n'ayons pas peur de rappeler l'essentiel.

1. Cette guerre, ce sont les Israéliens qui l'ont commencée. Ce ne sont pas les Palestiniens qui ont envahi Israël, c'est l'état d'Israël qui a entrepris de conquérir la Palestine.

2. Le projet d'installation d'un état israëlien en Palestine n'est pas justifié par l'holocauste. L'occupation de la Palestine est l'exécution d'un projet de conquête par un groupe sioniste et ses alliés americains qui date de 1897 et n'a rien à voir avec le martyre subi par les juifs pendant la deuxième guerre mondiale, martyre venu en justification opportuniste, d'une sinistre hypocrisie, combinée à la fiction d'une légitimité divine, dont s'est emparé l'état d'Israël en voie de formation après 1945.

3. L'étatisation d'Israël contrevient à la docrine juive.

4. Comme les talibans par les Américains avant lui, le Hamas est financé par l'état d'Israël.

L'état d'Israël n'a jamais voulu la paix. L'état d'Israël n'a jamais voulu partager. L'état d' Israël n'a jamais eu qu'un but : s'emparer de la totalité de la Palestine pour servir de tête de pont à une implantation américaine au Proche Orient.

Quant au terrorisme, qui ne serait que d'un seul côté, il a toujours été un slogan de déshumanisation de l'adversaire pour légitimer la guerre dans tous ses excès. La réalité est que les atrocités sont des deux côtés. Chacun inflige à l'adversaire des dommages proportionnés à ses possibilités.

C'est pourquoi, la guerre une fois installée, le terrorisme, étant forcément le fait de l'adversaire, n'est pas reconnu par les tribunaux internationaux.

Ce qui est reconnu, ce sont les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. Il est au pouvoir des citoyens de tous les pays de se mobiliser pour que, pas seulement les CRIMES, mais TOUS LES CRIMINELS DE GUERRE soient jugés.

Au-delà de l'élimination d'un peuple martyrisé, ce qui se joue dans l'escalade génocidaire menée par l'état d'Israël et le Hamas, c'est notre capacité de réfléchir, notre liberté, et notre courage d'exprimer notre désaccord avec l'autorité.

Ce qui se joue en France, c'est un degré de plus, si nous acceptons cette escalade sans protester, vers davantage d'arbitraire et de violence dans l'autorité.

C'est aussi le risque qu'une déclaration de soutien inconditionnel à Israël par le président de la République, dans la phase cruciale du combat qui est en train de se jouer, fait courir à ses concitoyens d'être la cible de nouveaux attentats.

Malheur au pays gouverné par un enfant !

Malheur à ceux qui n'osent pas penser.





Quelle sorte de bombe est-ce là ?