UKRAINE / PALESTINE

Parallélisme croisé

     La symétrie vertueuse qui voudrait qu'on soit pour l'Ukraine comme on est pour la Palestine a la non pertinence de ce qui confond un humanitaire à géométrie variable avec la stratégie. 
Mettre l'humain au premier plan dans une guerre est moralement louable, mais c'est une erreur, car par définition, quels que soient les garde-fous qu'on veuille y mettre, la guerre, qui n'a pas seulement pour objectif de détruire les capacités militaires et économiques de l'ennemi mais de tuer le plus grand nombre de gens possible, n'en a que faire. Toute l'histoire, la nôtre en premier, le prouve.
De ce point de vue sans naïveté, l'offensive russe en Ukraine est cohérente avec son but stratégique, qui est d'empêcher l'extension d'une présence offensive de l'Otan à ses frontières.
De la même façon, avec des massacres plus considérables en plus, ces massacres, précisément, perpétrés par Israël, sont cohérents avec son objectif stratégique qui est de vider des Palestiniens l'empire "juif" qu'il vise, en vue d'offensives préventives ultérieures prévisibles.
La symétrie stratégiquement corrigée entre être contre Israël et pour la Russie est que dans les deux cas l'ennemi est le même : ce sont les États-Unis.
On peut être contre l'État contestable d'Israël sans être l'ennemi du peuple juif. Comme on peut être contre le dictateur Poutine sans méconnaître la pertinence de sa stratégie.
Quand on est contre la guerre, et qu'on n'a pas en soi la puissance divine, les bons sentiments ne servent à rien. Il faut fonder son opposition sur un principe. Ce principe est qu'aucune guerre ne peut être juste, parce que tuer n'est pas un droit. Il n'y a pas de droit de tuer. C'est métaphysiquement impossible.
À défaut de pouvoir mobiliser les institutions adéquates, et pénaliser préventivement le crime au nom du droit, lorsqu'on se trouve confronté à une guerre qui se rapproche de vous chaque jour, pour autant qu'on n'en est pas menacé à chaque heure dans sa chair, si on veut la comprendre, on a intérêt à essayer de la remonter à sa cause première.

À l'échelle de l'histoire, dans la double guerre qui se déroule aujourd'hui, les agresseurs ne sont ni les Palestiniens ni les Russes. Les Palestiniens n'ont pas envahi Israël et les Russes n'ont pas envahi les États Unis. Dans les deux cas, les agresseurs, par États de complaisance interposés, sont les États-Unis génocidaires d'Amérique, qui ne sont au départ qu'une extension de l'Europe esclavagiste, dont le projet de conquête de la terre toute entière rencontre sous nos yeux dans l'aire méditerranéenne, militairement, pour la première fois, sa limite.
Cette coûteuse rencontre est clairement perçue, d'un point de vue extra-euroaméricain, pour ce qu'elle est dans sa dimension stratégique, avec ses deux fronts dissymétriques, le premier, russe, antiaméricain, astucieusement ou spécieusement, comme on voudra, défensif, en Ukraine, le second, américain, lui répondant sous couvert israélien, ponctuellement revanchard et outrageusement offensif à Gaza après l'avoir été hypocritement pendant 75 ans dans toute la Palestine.
De ce qui se joue entre ces deux fronts, une nouvelle avancée des États-Unis, un arrêt ou un recul, la prudence observée par des États voisins et d'autres plus lointains, suspendue à l'entrée en scène de l'objectif final étasunien qui est la Chine, montre bien que la partie enclenchée le 24 février 2022 par la Russie en franchissant le Rubicon en Ukraine n'en est qu'à son début.

LE VIOL CŒUR POURRI DE LA GUERRE 2

GD & GI


L'entre-deux

Ne parler de GD (Gérard Depardieu) que pour le mettre en parallèle avec GI (Gaza-Israël)

LE CORYPHÉE :

Dans le mouvement de la déconstruction de la figure du monstre sacré aux mains baladeuses, aux propos graveleux, aux amitiés tyranniques, champion de France de la gaudriole et maître en évasion fiscale,

Innocenté, avant tout procès, par le président de la République ; sanctifié, adoubé au nom de l'art,

Déclaré monument national,

Ne pas oublier la permission accordée, l'encouragement ministériel à renforcer chez les policiers la pratique de mettre la main à la culotte des jeunes filles qu'ils kidnappent dans les manifs au nom de l'ordre pour les séquestrer et les terroriser dans les commissariats où ils ne se gênent pas pour leur jeter à la face, en écho au "Soyez sages !" de Macron lancé au peuple français tout entier : "Ton vagin est sale."

Côté enfants, qui nous ramènera à Israël et à Gasa, rappeler la puanteur vichyssoise qui nous revient de cette image d'écoliers agenouillés, les mains sur la tête, sous la garde de la milice française, à comparer, cette image, avec celle qu'on ne verra jamais des enfants morts, broyés, défigurés, ensevelis à Gaza sous les décombres des bâtiments pulvérisés par les bombardements israëliens

Remplacée par l'image de la présence, à Gaza, de 4 185 militaires français, jeunes pour la plupart, envoyés, non pour protéger la population, mais pour la tuer, et s'y faire tuer, aux côtés et en renfort des nazis Israëliens

Au nom de ce qu'on pourrait appeler un "fanatisme régulier", national, glacé, déni de notre histoire, affliction de nos foyers, casques bleu-blanc-rouge non de la paix mais de la guerre la plus ignoble, la guerre génocidaire.

Honte aux casques tricolores ! Honte à ceux qui les ont envoyés
!

https://m.youtube.com/shorts/pXYsRoKPff4?si=-QPbwib_HDO0oPpE&fbclid=IwAR1aDVtBgAqKC_jDoEnVEHSKJtIdBWDldolTYeZJwFG1tYGpjW5ZrcAf3Gk
Touche pas ma culotte
Touche pas mes gosses

CRIME DE GUERRE

CRIME DE GUERRE

Un lecteur m’ayant accusé de « justifier les crimes de guerre de Putine » et sa réponse à ma réponse ayant consisté en une citation tronquée : « L’État russe est en état de légitime défense », je rétablis la phrase entière : “Le jeu de la guerre entre États étant ce qu’il est, l’État russe est en état de légitime défense. » Une semblable confusion ayant pu se produire dans d’autres esprits, je m’explique.

1. Le crime, c’est de tuer. Toute guerre étant un crime, il n’y a entre les crimes de guerre que des différences de degrés.

La passion guerrière étant chez les hommes la chose la mieux partagée, la première règle qu’une réflexion sur la guerre doit s’imposer, me semble-t-il, est une totale impartialité, semblable à celle qu’on mettrait à observer des mouvements tectoniques. On se place alors au même niveau que ceux qui la conçoivent.

Fort de ce principe, on doit convenir a priori que le crime de guerre est obligatoirement partagé à parts égales entre les États en conflit.

On doit pouvoir poser l’égalité : Shoah = Hiroshima sans se faire lyncher.

Les échelles de valeur et les absolus varient selon le camp auquel on adhère et la période où ils sont invoqués.

La guerre étant ce qu’elle est, y poser la question de la valeur de la vie humaine n’est pas pertinent : la vie humaine est par définition ce que la guerre réduit à une valeur nulle.

Comme dans toute l’économie étatique devenue capitaliste, c’est à partir de cette réduction à zéro de la valeur de la vie humaine que le profit est calculé.

« Qu’est-ce que vous voulez qu’un million de morts fassent à un homme comme moi ? » disait Napoléon à Metternich.

Quand bien même on prétend n’avoir que des objectifs militaires, les pertes civiles sont impossibles à éviter. Premiers techniciens au monde des bombardements à outrance, les Américains ne peuvent l’ignorer.

Quant aux règles que les États se donnent pour marquer une limite entre ce qui est autorisé et ce qui est proscrit, elles sont régulièrement violées, et c’est toujours le plus fort qui finit par imposer la sienne ; ce qui ne garantit pas qu’il la respecte.

Tant que ces règles ne sont pas associées aux moyens de les faire respecter, – et de les appliquer à tous les États incriminables, – elles ne méritent pas le nom de lois.

Elles ne le peuvent pas, fondamentalement, parce qu’elles ne peuvent pas être fondées. On ne peut pas réformer la guerre. On doit l’interdire. Ce serait la révolutionner.

En attendant, qui peut empêcher les Américains de faire la guerre quand ça leur chante? Qui a pu les en empêcher hier et qui pourra les en empêcher demain? Ils l’ont fait en Irak (26 405 morts). Les Français ont voulu faire pareil en Lybie (1 600 morts). Les Russes l’ont fait en 2015 en Syrie (112 morts) et ils le refont en Ukraine aujourd’hui.

Pendant ce temps la guerre au Yémen avec des armes françaises n’est toujours pas finie (6 600 à 12 000 morts).

La guerre se faisant aujourd’hui en majeure partie à distance, les chances que les soldats des deux armées opposées « fraternisent » sont devenues minces.

C’est donc de la guerre qu’il est question comme « crime absolu » et non pas de « crimes de guerre » particuliers.

Attirer l’attention à grands cris, sans vérifications, sur des crimes de guerre dont sont accusées les deux parties, et que les deux parties nient, est détourner l’attention du principal : la responsabilité des États dans toute guerre.

Le fond de la question est : d’où vient la guerre ?

2. La guerre vient des États.

Il y a une grande incohérence à dire « Non à la guerre » sans dire « Non aux États. ».

Il n’y a de guerres qu’entre États.

S’il arrive que des gens se battent entre eux sans que personne ne les y oblige, ils n’organisent pas leur société toute entière en vue d’anéantir ou d’asservir une autre société et de s’approprier son territoire et ses richesses. Il en résulte que ces actes de violence collective sont limités et que c’est abusivement que les ethnologues, après Napoleon Chagnon (1), théoricien de l’ « escalade » selon McNamara, parlent de guerres dans les sociétés amazoniennes.

Une guerre d’un groupe armé contre un peuple n’est pas une guerre, c’est une razzia. C’est par des telles razzias que les États se sont constitués il y a 5 500 ans en Mésopotamie. Une fois constitués, ils se sont fait la guerre entre eux, tout en continuant à faire des razzias, comme l’ont fait tous les États depuis Sumer, en passant par l’Assyrie, Rome etc jusqu’aux USA, à une plus grande échelle, avec des moyens industriels, où les razzias sont devenues génocidaires, témoins les Amérindiens au XIXe siècle, les Vietnamiens au XXème, etc.

Ces guerres viennent de la structure des États. Elles sont inhérentes à leur système (2). Elles ont pour but la destruction des forces de l’adversaire pour lui imposer sa volonté et tirer profit de son assujettissement.

Quant aux dommages subis par les populations, quand bien même leur destruction ne répond à aucun objectif stratégique, ils font partie de la culture universelle de la guerre, et tant qu’il y aura des guerres rien ne pourra les éradiquer.

La vraie question est de savoir comment éradiquer à sa racine le processus guerrier.

3. Pour comprendre une guerre, il faut l’envisager dans toute son étendue.

Les Romains n’étaient pas en guerre seulement quand ils franchissaient une frontière. Ils l’étaient quand ils attiraient chez eux des Sabines pour les kidnapper et quand ils imposaient des tributs à leurs voisins.

Ils l’étaient quand ils envoyaient des ambassadeurs aux gens dont ils convoitaient les terres pour leur imposer de choisir entre payer un tribut sans combattre et payer un tribut après avoir été écrasés.

Les Romains sont un modèle pour les Américains, parce qu’ils ont créé un empire. Ils ont toujours été en guerre. C’est par la guerre qu’ils se sont constitués en État, par la guerre qu’ils se sont développés en nation conquérante, par la guerre qu’ils ont créé un empire. Et un état de guerre n’a jamais cessé à leurs frontières, une fois qu’ils ont réussi à étendre sur tout le pourtour de la Méditerranée une aire de paix qui n’était pas aussi sûre qu’ils l’auraient voulu ni aussi éternelle qu’ils le croyaient.

Ils ont été en guerre dès l’instant où Énée a mis le pied dans le Latium, où il n’a rien eu de plus pressé de que voler des bœufs (c’est-à-dire, symboliquement, de s’approprier la terre). Ils l’ont été dès la fuite d’Énée de Troie dévastée. Il s’est enfui accompagné d’une bande armée, avec, dans la tête, un plan de conquête.

La guerre a été constante tout au long de la carrière de Rome. Tout son développement a été pensé en termes stratégiques. Les massacres, les pillages et les viols en faisaient partie comme une composante naturelle, et utile à la motivation des soldats.

4. De la guerre

Contrairement à ce qu’a écrit Clausewitz, la guerre n’est pas la poursuite de la politique par d’autres moyens. C’est la politique qui est une poursuite de la guerre par d’autres moyens, dont la rhétorique. On commence par s’imposer par la force ; ensuite on parle à des subalternes.

Les habiletés de la politique sont inspirées par la guerre qui a fondé les rapports entre États. Si la guerre commence éventuellement là où la discussion s’arrête, la rhétorique est souvent une poursuite de la guerre en paroles.

La différence entre la rhétorique et la propagande est que la seconde ne suit pas le déclenchement des hostilités, mais l’accompagne.

On voit mieux en constatant ses ravages aujourd’hui ce que recouvraient les rhétoriques antiques, qui tout en nous ayant habitués à voir les guerres comme allant de soi de façon théorique, et à nous les faire accepter lorsqu’elles se passaient loin de chez nous, nous laissent mentalement désarmés quand elles se rapprochent.

5. Une guerre est une chose, autre chose son procès.

A moins d’y être obligé, il n’est pas judicieux de prendre parti dans une guerre entre États qu’on ne subit pas.

Une chose est d’essayer de comprendre la guerre, une autre de participer aux procès qui s’y font des deux côtés, dans des effusions émotionnelles qui tiennent lieu de principes.

La première question qu’on devrait se poser, me semble-t-il, est : qui est l’agresseur, qui est l’agressé ?

Question qui n’est pas toujours facile à démêler.

6. Intelligence de la guerre

Le moment où une frontière est franchie par une armée et où ses armes « se mettent à parler » n’est qu’un moment dans la guerre.

Il peut y avoir avantage à n’appeler « guerre » que ce moment, pour faire porter la faute de l’entrée en guerre à celui qui y a cédé le premier, tout en feignant d’ignorer la pression qu’on a exercé sur lui en escomptant qu’il n’oserait pas se défendre.

C’est ce que les Américains ont fait avec la pression qu’ils exercent sur la Russie à ses frontières depuis trente ans.

Il peut y avoir avantage aussi à détourner la guerre qu’on ne peut pas faire contre un adversaire trop puissant sans la perdre à coup sûr, en la faisant dans un endroit où elle est possible et où le véritable adversaire ne peut pas intervenir.

C’est ce qu’ont fait les Russes en intervenant dans le Donbass sous protection nucléaire.

7. Pour être comprise, une guerre doit être envisagée dans toutes ses phases, en y incluant tous ses préparatifs.

Aucun État, sauf exception, ne se lance dans une guerre à la légère. Comme une entreprise et comme une politique, la guerre est une affaire qui d’abord se conçoit.

Dans la guerre qui se déroule actuellement en Ukraine, l’armée russe est sortie de ses frontières et a fait usage de ses armes dans un pays qui n’est pas le sien.

Ce pays n’en était pas moins, jusqu’à une date récente, un de ses États membres, et la Russie y est attachée par une longue histoire, à laquelle les Européens et les Américains, jusqu’à une date récente, n’ont aucune part.

De leur côté, les États-Unis ont procédé aussi par État interposé, plusieurs États en l’occurrence, ceux de l’Union européenne, dont ils ont miné les économies et investi les gouvernements par la finance, et qu’ils tiennent liés par des traités à leur système, de plus en plus offensif, de « défense ».

Mais ils n’ont pas fait que cela. Ils ont fomenté en 2014 une « révolution » en Ukraine, comme ils avaient fomenté en 2010 les « révolutions arabes » dans le but de détruire les États du Proche-Orient et du Nord de l’Afrique pour y étendre leur hégémonie, moyennant une instrumentation du terrorisme (appelé par Bush à durer tout le XXIème siècle) dont le monde entier est témoin.

Par ces agissements, les USA escomptent reprendre leur entreprise d’affaiblissement de la Russie commencée en 1990 avec Gorbatchev et achevée avec l’explosion de l’URSS. Interrompue dans les années 2000, cette entreprise rencontre depuis l’accès de Poutine au pouvoir un État fort qui est un obstacle à leur volonté d’y répandre leur influence.

Noyautée comme elle est par la CIA, l’Ukraine n’est qu’une pièce intermédiaire dans la guerre qui se déroule en ce moment de manière indirecte entre la Russie et les USA.

8. Tectonique des blocs

La situation globale est celle d’une pression de plus en plus rapprochée sur la frontière Ouest de la Russie par les forces euro-américaines.

Subissant cette pression, le but de l’État russe est d’abord de se défendre. Il s’agit pour lui de préserver l’intégrité de son territoire, et vraisemblablement dans un second temps de reconstituer son ancienne puissance, ce que ferait tout État fort, dans une situation semblable.

Mais pas des États faibles, comme le sont les États européens, qui ont perdu leur indépendance, ce qui explique la surenchère compensatoire d’une majorité de leur opinion, abusée par l’instrumentation américaine d’une démocratie qu’elle n’a pas su défendre.

Le but de la stratégie américaine est offensif. Il s’agit de détruire l’État russe, après avoir détruit les États d’Europe.

La réciproque n’est pas vraie ; il n’y a aucune menace symétrique de la Russie sur les États-Unis en bordure de leur territoire.

Cependant, cette menace, les États-Unis la fantasment en chacun de leurs mouvements, tant ils la craignent.

Une question reste alors pendante : quel est le but de la stratégie américaine?

Only time will tell.

En attendant, il parait vraisemblable qu’il s’agit pour les USA de faire avancer le front Ouest de leur encerclement de la Chine.

La Russie, en s’établissant dans le sud et l’est de l’Ukraine, a différé pour un temps leur progression vers cet objectif.

Il y avait longtemps que le bloc américain n’avait pas rencontré un bloc adverse à sa taille.

(1) Napoleon Chagnon, Yanomamö, The Fierce People, 1967.

(1) Cf. Jean Monod et Diane Baratier, Du pillage au don, L’Harmattan, 2014 ; Jean Monod, Après le Déluge, ABC’Editions, 2019 ; Eyquem, Les gilets jaunes et la révolution, Aiou, 2022.

MARS EN UKRAINE 4/4.

Chroniques de la lune passante

Mars rencontre Saturne

LE DROIT SOLEIL

MARS EN  UKRAINE 5/3


On a tendance à oublier la marche du Soleil. Sa procession. Accompagné de sa cour. Ce que ça veut dire, la procession annuelle du Soleil parcourant tous les signes, les uns après les autres. Les empereurs chinois parcouraient tous les dix ans leur empire vaste comme le ciel. On pourrait dire que c’était un Etat qui n’existait pleinement que dans cette circulation. Il imitait la marche du Soleil.

Louis XIV s’est fait appeler « le Roi Soleil ». Mais les Français n’ont pas le sens des symboles. Ils les prennent par le petit bout, les banalisent, les réduisent au plus plat de leur sens. Périodiquement ils redécouvrent la nature. Ca leur redonne le goût de leur âme. Mais elle se fait de plus en rare, tend à ne plus s’exprimer que négativement.  Cela, les Français le comprennent, tout en  gardant dans un coin de leur conscience une fleur bleue qu’ils mettent au bout de leur fusil quand on leur en donne l’ordre.

Quand les rois parcouraient leurs domaines, accompagnés de leur cour, il fallait à chaque station  les nourrir, les honorer, les divertir. Tous y contribuaient, des plus hauts dignitaires aux moindres manants. Dans chaque province, l’une après l’autre, c’était une mobilisation de toute la population pour un tribut en espèce, en fêtes, en illuminations.

C’est ce qui est en train de se passer en ce moment dans le signe des Poissons, où Jupiter, en grande pompe, accueille le Soleil.

Que se diront-ils ?

Ils ont beau ne pas être à des années-lumière, la perception de leur conversation n’est pas immédiate.

On se doute qu’il s’agira de quelque chose qui aura un rapport avec les lois. Les lois astrales, étant donné la position clé de Jupiter dans le système solaire, et partant, les lois de l’univers, et les lois humaines. Quel rapport y a-t-il entre elles ? Jusqu'à quel point les lois humaines sont elles conformes à l'ordre naturel ? Si elles ne le sont pas, comment les hommes peuvent-ils dire que ce sont des lois ?

La rencontre du Soleil avec Jupiter, où que ce soit, est la rencontre de la Force et du Droit. En Poissons, c’est leur rencontre dans la plus grande lumière spirituelle imaginable.

Jupiter étant le maître des lois, avec l'incertitude qui vient d'être rappelée, la question qui se pose périodiquement depuis qu’il orbite entre Mars et Saturne est de savoir jusqu’à quel point il est le maître de l’esprit des lois. 

D’où tient-il son pouvoir ?

Une plongée généalogique serait ici utile, mais le temps presse. Dans la guerre comme au ciel, une cavalcade. Plus d’un y perd la tête. Rappelons simplement que le Soleil étant le centre du système qui porte son nom, il en est le créateur et le maître. C’est ce qui fut discuté en Egypte au temps d’Akhénaton : le Soleil, Aton Ra, n’est pas le maître de l’Univers. Il est le générateur du monde d’ici-bas. Les planètes sont ses filles et la Terre est l’une d’elles... Premier rappel.

Deuxième rappel : Jupiter en Poissons n’est pas dominant : c’est le domaine de Neptune (son frère); Jupiter est le maître du Sagittaire, où Chiron pourrait bien être son rival. Pluton se trouvant dans cette constellation est sous sa loi ; mais Jupiter en est absent et présentement sans grand pouvoir. Et si Pluton est en "Capricorne" (le signe), il est sous la loi de Saturne (son père), qui présentement est en Verseau, dont le maître est Ouranos, actuellement en Taureau. La seule planète qui soit en ce moment dans son signe est Neptune, maître des mers, et c’est le signe où le Soleil rencontre aujourd’hui Jupiter. Mais, dans le ciel, les Poissons sont le Verseau, et le maître du Verseau est Ouranos (leur père et grand père à tous)… Où est le pouvoir ?

Ces ajustement effectués, une onde passa. De points d’eau transposés en monticules, une géométrie en forme d’Orion s'esquissa. Voici, décrypté au réveil, le message: 

« Le droit est en suspens. Il n’y a pas que lui. L’intelligence humaine aussi est en péril. On assiste à des effondrements de pensée çà et là. J’ai entendu dire, par exemple, qu’il n’y avait pas de gagnants dans les guerres, que tout le monde y perd. C’est faux. Si cela était vrai, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de guerre sur la Terre… Qui seront les gagnants de celle qui vient de commencer aux marches de l'Europe ? Feignions de ne pas le savoir. Qui seront les perdants, on le voit déjà. Ce sont les peuples. Anticipant sur des analyses qui restent à faire, les plus bruyants se mobilisent contre le premier qui a pris les armes. Ils ne se mobilisent pas contre leurs Etats. C’était pourtant une belle occasion de le faire. Tant que les peuples ne se mobiliseront pas contre leurs Etats, ceux-ci agiront dans leur propre intérêt, qui est de durer et de croître indéfiniment en puissance. Tant que les peuples ne seront pas capables de se passer d’Etats, comment ne pas être favorable au rétablissement d’une grande puissance face aux USA ? Une puissance correspondant à sa capacité militaire, condition nécessaire d’existence pour un Etat. Une puissance spirituelle aussi, en profondeur. Et une puissance tampon entre la Chine et les USA. Quand ce tampon sera mis en place, la guerre, pour un temps, cessera. Puis elle reprendra. Jusqu'à ce que toutes les puissances compétitives arrivent à trouver entre elles un équilibre. Alors il n'y aura plus besoin d'Etats… Il y aura des guerres tant qu’il y aura des Etats, parce que les Etats sont fondés sur la guerre et que c’est sur leurs victoires qu’ils bâtissent ce qu'ils appellent leurs droits. Ce qui importe, dans l’affrontement entre les Etats, c’est de maintenir un équilibre entre leurs forces respectives, pour que toute la puissance ne bascule pas du côté d'un seul État. La Terre est toute en diversité et aspérités ; elle ne gagnera rien à être applatie comme une crêpe. Si cela se produisait, nous serions nous-mêmes en péril. Nous, moi, le Soleil, Uranus, Vénus, Mars, toi, mon arrière-petit-fils, Jupiter, et toutes les autres planètes et le peuple innombrable des astéroïdes. Car, aux yeux d’une puissance qui serait seule dominante sur la Terre, nous ne serions plus ce que nous sommes : des entités spirituelles concrétisées dans des sphères plus symboliques que réelles, mais n’en orbitant pas moins de façon réglée dans l’espace. Nous ne serons plus pour cette puissance unique que des ressources énergétiques, des choses exploitables, donc destructibles. Et comme cette puissance pourra, jusqu’à un certain point, tirer de nous ce qu’elle voudra, elle se croira dans son droit. Sinistre perspective que nous n’encouragerons pas… Quant à la capacité pour les peuples de se passer d’Etats, qui est l’option la plus souhaitable, pour qu’existent sur la Terre des sociétés où on respecte ce qu’on ne sait pas et où l’on ne tue ni son semblable ni ce qui est différent de soi, il leur faudra pour y arriver se montrer d’une grande prudence, aussi éloignée du libertarisme consumériste à l’américaine que de l’esprit de masse auquel les ont habitués leurs Etats tout au long de leur histoire. »

Chronique des lunes passantes

Chronique de la lune passante

MARS EN UKRAINE 6

CHIRON 4 mars / 3. 

LA BOURSE OU LA BOMBE.


Maître de la guérison intérieure, Chiron ne pouvait pas ne pas avoir partagé certaines vues avec la Lune lors de son passage chez lui hier. Cela m’est revenu en dormant. Tant fait-on de bruit sur la Terre sur la folie de Mars depuis une semaine. « Est-ce folie pour le dieu de la guerre de faire la guerre ? me demanda Chiron. Ne sait-on pas que Mars est tout impulsion ? C’est dans sa nature. Mais il ne peut aller loin sans soutien. C’est un déclencheur, pas un organisateur. D’autres, qui ont les armes, les hommes et tous les gros moyens, prolongent son impulsion jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur but. Mars n’est que l’étincelle, le feu de la première heure. La cause de la guerre est ailleurs. – Où donc ? - Du côté d’une pression qui a abouti à un basculement, sans que ceux qui mettaient la pression s’en avisent autrement qu’en riant. La force dominante est aujourd’hui du côté de Pluton. - La bourse ou bombe ? - Bonne question. Il brandit la bombe, on lui coupe la bourse. Qui trinque ? - Comme Hermès l’a fait observer à Cronos avant-hier, Hadès n’est pas, en « Capricorne », en position de force. Peut-être a-t-il tenté sa dernière chance avant d’être doublé par Otan et ses ogives à ses portes? - Le moment était opportun. - On dit qu’il a été rendu fou par Arès.
- J’ai entendu cela, dit au bout d’un moment Chiron en regardant au loin. Mais réfléchis. Quand les guerres, actes fous (qui n’en conviendrait ?) ont-elles jamais eu besoin de la folie d’un homme pour qu’on les explique ? Si on veut voir les choses par le dedans, une fois que le feu a pris, s'il y en a qui soufflent dessus, qui faut-il soigner… et de quoi ? L’esprit de prédation est la chose la mieux partagée du monde. Prendre ce qui est à autrui, est-ce une maladie ou un instinct ? Mais que dire de l’humiliation et de l’imprévoyance ?
- Je t’écoute.
- Commencer par se soigner de son ignorance. Revisiter l’histoire. - On le fait à l’école. - Pourquoi ne le fait-on pas partout ? En second lieu, se soigner de sa passion. Pourquoi hait-on ? - Projection dans l’autre du refoulement de son impuissance ? - En troisième lieu, se soigner de son aveuglement. - Comment fait-on ? – En essuyant le miroir souillé par ses postillons. - Tu penses aux Américains, aux Européens, aux Ukrainiens ou aux Russes ? - A tous. Les Européens passionnés, ignorants et aveuglés par leurs postillons devraient commencer par travailler à se soigner de leur faiblesse, non seulement face à l’armée russe, qui ne leur veut aucun mal, mais face à leurs propres gouvernements, qui se moquent d’eux, leur mentent, les maltraitent... - Et pour qui ils voteront demain majoritairement. - C’est là que l’histoire se répète, plus que dans des guerres expliquées par des tyrans. – Cela porte-t-il un nom ? - Un certain goût pour la connerie comme ingrédient identitaire, peut-être.
- Est-ce que ça se guérissait mieux avant ?
- Encore une bonne question. Mais je vois que le Soleil s’approche de Jupiter… Prêtons l’oreille. La Pouvoir suprême (en ce qui concerne les Terriens du moins) et la Loi (de même) vont entrer en conférence...

Guerre et non droit de tuer

INTRODUCTION ET PRINCIPE

La publication  de ces notes ne me fera pas que des amis. Tant pis. Elle n’a pour but que de fixer quelques points, qui paraîtront très contestables à une majorité acquise à la religion de l’Etat aujourd’hui dominante mais conforteront une minorité d’esprits indépendants, qui y entendront peut être un écho de leurs interrogations, sans que l’anachronisme de ces interrogations  n’entame leur confiance qu’elles ne trouvent des réponses dans un futur proche, parce qu’elles sont sans parti pris et n’ont pour ambition que d’apporter un  peu de lumière dans la conscience que nous essayons de prendre du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.

Je préfèrerais une société sans Etat. Mais dès lors qu’on nait dans un Etat, il y a avantage à conserver les droits qu’on y a acquis. Pour cela il ne suffit pas que la société reste mobilisée pour la défense de ces droits. Il faut qu’elle se mobilise pour l’extension du droit de vivre à ceux qui en sont dépourvus, et que de son côté l’Etat soit assez fort pour résister aux puissances d’argent. 

Mais pour qu’une société en arrive au stade où elle peut se passer d’un Etat, il ne suffit pas que ses membres aient atteint un certain degré de maturité et d’autonomie. Il faut qu’ils se soient  accordés sur un principe. Ce principe, ce n’est pas la liberté,  ce n’est pas l’égalité, ce n’est pas la fraternité. C’est la justice. Or il n’y  a qu’un seul principe qui puisse fonder une société en justice : c’est le non-droit de tuer. Tant qu’une société n’aura pas aboli le droit de tuer, d’autres paieront de leur vie pour son confort qu’elle appellera sa liberté, et elle ne saurait être ni juste ni libre.

(À suivre)

 

 

Chronique des lunes passantes / 3 mars

Colloque de Mercure avec Saturne

Rien n’étonne Saturne, lui-même moins que personne. Depuis le jour fatidique où sa mère a armé son bras parricide, il y aura toujours au fond chez Saturne le sentiment indicible de ne pouvoir s’appartenir. Reste qu’il est, après son père Ouranos, le second grand criminel dans l’histoire des dieux, et le premier tyran, en attendant les hommes qui se réclameront d’eux. Sa descendance est innombrable. L’antiquité en est pleine et toujours revenante.

Mercure, c’est l’inverse. Il n’est pas tout d’une pièce, ni hanté par un fond creux. Il est au contraire si divers qu’on ne sait pas comment faire tenir tous ses morceaux ensemble. A le voir de près on le dirait presque rapiécé. Athéna est ubique ; elle se dématérialise et se rematérialise ailleurs à son gré. Mercure est rapide. Il traverse l’espace aussi vite que la pensée. Messager des dieux, éloquent, beau parleur, brillant… on pourrait le croire superficiel tant il est bigarré. C’est un harlequin. Avec ses pieds ailés, casqué de vent, tourbillonnant, vrombissant, on dirait à l'occasion la mouche du coche. Les Grecs se sont complus à multiplier ses facettes. Commerçant, voyageur, voleur, musicien, trompeur (Apollon en à fait les frais) guérisseur (son emblème est le caducée qui protège contre les morsures de serpents), une telle bigarrure cache un fond difficile à cerner. Quel est-il? Le plus profond imaginable, sous des dehors d’enfant. Aucun attachement sentimental. Aucune de ces lourdeurs olympiennes. La superficialité rutilante de Mercure est son armure impénétrable. Car, en réalité, insoupçonnable depuis la disparition des Mystères égyptiens, Mercure-Hermès, n’est autre que l’ancien dieu Thot, l’hermétique, trois en un, créateur, non du monde, mais de l’écriture qui le désigne en l’inscrivant dans des signes – et c’est toute une science – au moyen desquels on peut comprendre le temps et le prédire. Voilà son lien avec Saturne. Cronos a créé le temps terrestre en dissociant d’un coup de faux l’équateur de l’écliptique (et c’est de son côté à lui son rapport avec la Lune), son petit-fils Hermès-Thot en a pris toutes les mesures. Plus rapide que lui, la Lune les applique dans sa ronde mois après mois de Soleil en Soleil. Pour résumer, Mercure est le dieu astronome. Et le compagnon d’Osiris et d’Anubis dans l’antichambre de la Maison des Morts. Et voila ce qui le lie à Pluton.

Donc, quand Mercure rencontre Saturne au moment du dépassement de Pluton par Mars, c’est, en ce qui concerne le déclenchement des hostilités, synchrone avec lui, le premier contrepoint.

Le contrepoint mercuro-saturnien rappelle :

- Que dans le partage actuel du monde entre les Trois Frères, Jupiter, maitre du Ciel et de la Terre, Neptune, maître des Mers, et Pluton, maître des Richesses Souterraines, seul Neptune est actuellement au sommet de sa puissance dans son signe.

Pluton n’est pas à sa place en Capricorne, mais chez Saturne. Donc il n’y est pas en position de force. Etant donnée son ambigüité (indépendamment de l’incertitude quant à la justesse de sa nomination : on y reviendra en son temps), ce que Mars passant par lui réactive, ce n’est pas sa puissance de Mort (la bombe), mais sa puissance d’Argent.

- Que dans la nouvelle configuration qui est en train de se mettre en place (en attendant son établissement définitif dans cent quarante huit ans), Saturne en soi-disant Verseau est en réalité en #Capricorne, autrement dit chez lui, et Pluton est en #Sagittaire, au 27eme degré exactement, c’est-à-dire (sa Maison étant le Scorpion) au début des deux cent quarante huit ans de son exil.

- Or le maître du Sagittaire est Jupiter, que ce même 3 mars dépassent le Soleil et la Lune en Poissons chez Neptune. Le sens est clair : 1. Forte exaltation de la puissance maritime de Neptune, par le passage du Soleil tempérée par celui de la Lune ; tempérament qui ne durera qu’un seul jour. 2. Exaltation moindre de Jupiter, qui en Poissons n’est pas dans son signe, mais chez son frère. Avantage durable à Neptune. Nécessité prioritaire de libérer l’accès à la mer.
Mercure songeur